La Bande Dessinée Pour l’Entreprise au Maroc

En tant qu’illustrateur de bande dessinée (BD, ou de comics dans la langue de nos amis anglo-saxons..!) en mode freelance , j’ai reçu à ce jour plusieurs commandes de la part de clients de différents pays. En effet, il y a une demande accrue et soutenue en matière de vignettes individuelles ou de planches complètes de bande dessinée sur les plateformes de travail en ligne. Il en résulte même que la concurrence y est aussi rude parmi les artistes (et les pseudo-artistes aussi) freelancers issus de presque tous les pays. 

Cependant, ce que j’ai remarqué le plus, c’est que la plus grande majorité de ces commandes concernent surtout des supports de formation et/ou de développement professionnel, de management ou encore de team building, en BD. Oui, ce sont en général des managers, des consultants, des formateurs ou encore des coachs qui me contactent de temps à autre et avec lesquels je collabore sur des projets d’illustration spéciale et spécialisée, dont les livrables sont inclus désormais dans l’arsenal “didactique” de ces professionnels.

Note : Vous remarquerez peut-être que j’ai souvent recours à des termes anglais : cela est certainement dû au fait que plus de 80% de mes correspondances au quotidien se font dans la langue de Shakespeare!


La Bande Dessinée, tout sauf un « jeu d’enfant »…

Contrairement à l’idée reçue, encore aujourd’hui malheureusement, qui fait que la BD soit considérée comme un art mineur, cette forme d’expression n’est pas réservée qu’aux enfants! Détrompez-vous, chers lecteurs…

D’ailleurs, n’est-ce pas un Hergé qui a toujours évoqué une audience de 7 à 77 ans? 

S’il a fallu attendre les années 50 pour voir l’école accepter finalement de considérer cette forme de narration comme outil didactique, il aura fallu beaucoup moins de temps pour qu’elle s’invite dans les couloirs de l’entreprise et de l’administration, dans les sessions de formation et dans les séminaires de développement professionnel. Durant les 4 dernières décennies, on assiste à une réelle adoption de ce médium par les professionnels de la formation.

Strip réalisé pour CFE-CGC Capgemini – France

Les écrits restent… mais une image vaut dix mille mots.

Qui plus est, si cette image est agrémentée de texte! Comme évoqué plus haut, les planches et les « strips » que je réalise pour mes clients atterrissent généralement :

  • Dans des présentations PowerPoint ou similaires ;
  • Sur des supports imprimés, affichés dans les couloirs d’une administration ou relayées dans des correspondances internes ;
  • Au sein des syllabus de formation, au format papier ou en PDF ;
  • Sur des plateformes LMS, incorporées aux pages de cours ou d’activités interactives ;
  • Sur les pages d’ouvrages, livrets imprimés ou électroniques ou eBook ;
  • Et bien plus encore… Comme diraient nos amis cités plus plus haut : The sky is the limit!

De nos jours, tout le monde (ou presque) est conscient de l’apport de l’image dans tout processus d’enseignement-apprentissage. Alors que les textes « figés » et monotones finissent par ennuyer l’audience, le support visuel réussit à “casser” la routine et interpelle toujours. De surcroît, la BD vient s’inscrire parfaitement dans les nouvelles approches de transfert de compétences basées sur le storytelling. En effet, tous les ingrédients d’une narration figurative réussie sont bel et bien là. 

Strip réalisé pour CFE-CGC Capgemini – France

Comment je réalise une BD pour le compte de mes clients ?

En apparence, cela semble si simple : Le client me fait parvenir son idée, sous forme d’un synopsis puis d’un script ou d’un brief clair qui reprend et décrit bien ce qu’il veut. Je gribouille des petits bonhommes en “sticks”, j’ajoute des bulles, et le tour est joué!

Non, ce n’est pas la véritable version, voyez plutôt par vous-même :

Le client fournit effectivement son script. Mais, s’il a fait appel à mes services, ce n’est certainement pas pour rien! Mon rôle est de l’aider, moyennant mon expertise, à peaufiner son document en lui posant certaines questions qui vont nous aider, tous les deux, à faire le tour de la question.

Ensuite, je procède à mes premières ébauches. Il s’agit d’une étape préliminaire où je propose à mon client ses futurs personnages. A ce stade, il a le choix entre deux approches : soit il pioche dans une sélection de personnages que je dessine dans mon style. Ou bien, il exprime le vœu d’avoir des personnages authentiques, créés spécialement pour lui et pour lesquels il peut décider d’acquérir les droits d’utilisation commerciale.

Selon la complexité du projet en cours, il arrive que ces ébauches passent par un processus de révisions dont le but est de s’approcher le plus possible de la vision du client.

A une étape finale, quand les ébauches sont validées, je procède à l’édition finale de mon “artwork”. Il y est question d’abord de reprise de crayonnés, d’encrage, de mise en couleurs avec des aplats, puis d’ajout d’ombre et de reflets de lumière selon le “goût” du client. 

Finalement, arrive l’étape de mise en page finale avec composition de strips ou de planches, puis ajout de textes dans les bulles.

Bien sûr, toutes ces opérations se font en mode numérique, en utilisant des logiciels et d’une tablette graphique tactile à stylet.

Le client aura le choix finalement de disposer des formats d’images qu’il souhaite obtenir (PNG, JPEG ou PDF). Il arrive aussi que certains client demandent à récupérer les fichiers sources des travaux (.PSD, .AI, .TIFF, …) afin de pouvoir les modifier si besoin : une tarification spéciale s’applique alors.

Mais laissons l’argent de côté et parlons plutôt de la valeur ajoutée de ces dessins…


Recours à la BD en formation et ROI*…

Certes, toutes ces opérations correspondent à des frais facturés à l’attention du client. Mais, la réelle valeur ajoutée de ces supports dépasse de loin ces chiffres, et un réel retour sur investissement (*Return On Investment) s’opère quand ces bandes dessinées sont bien utilisées, en contexte.

Pour ce faire, je conseille toujours à mes clients d’investir dans des illustrations de type “evergreen”, qu’ils pourront ré-utiliser plus d’une fois et dans plusieurs contextes. Là, un travail préalable de rédaction est de mise. Mais ça, c’est une autre histoire…

Will Eisner, considéré comme le père du roman graphique, divise les bandes dessinées pédagogiques en deux catégories: techniques et attitudinales

Les bandes dessinées techniques sont principalement destinées aux processus d’apprentissage ou à l’exécution de tâches, tandis que les bandes dessinées attitudinales sont davantage destinées aux compétences générales (ou soft skills) telles que l’apprentissage de nouveaux comportements et les interactions sociales.

Pour une bande dessinée pédagogique dans la catégorie technique, pensez à la façon dont vous pouvez présenter le matériel de différentes manières. Contrairement aux photos qui sont contraintes par ce qui peut être physiquement photographié, la flexibilité des images dessinées dans les bandes dessinées permet à l’artiste de démontrer une tâche techniquement complexe du point de vue de l’apprenant.

Pour une bande dessinée pédagogique dans la catégorie attitudinale, étudiez le matériel de plus près et placez-vous en tant qu’apprenant dans le public cible. Considérez-vous comme un personnage de l’histoire et comment ce personnage se rapporte à l’apprenant. C’est la partie facile. La partie la plus difficile et la plus longue est la réécriture du matériel sous forme de scénario en prose.


Si vous êtes arrivé(e)s à ces lignes, c’est que vous avez apprécié la lecture de mon article. Afin de vous garder plus occupé(e)s, et de vous permettre de découvrir davantage mes prestations, je vous invite à visiter mon site web :

https://www.digitallydrawing.com

Vous pourrez y avoir une idée à travers des exemples de livrables auprès de réels clients.

A très vite, j’espère…